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Penn Sardin, 100 ans de la première grève initiée par des femmes

Written by on 21/11/2024

Titre hommage à la Grève historique des sardinières qui a démarré le 21 novembre 1924.

C’est la première fois qu’un mouvement de grève de cette ampleur est le fait d’ouvrières, et même si les revendications n’étaient pas en soi féministes, c’est un mouvement initié par des femmes et dirigé par des femmes. 

Cela ne s’était encore jamais vu !

Cette chanson raconte, sur un rythme d’an dro rock, cette grande grève des sardinières à Douarnenez entre novembre 1924 et janvier 1925.

Elle a été composée au début des années 2000 par la chanteuse groisillonne, Claude Michel pour les paroles et par Jean-Pierre Dovilliers pour la musique.

Aujourd’hui, alors que nous nous apprêtons à fêter le centenaire de cette grève historique, le groupe B.R.E.T.O.N.S, qui est un collectif rassemblant des musiciens venus de différentes formations bretonnes, nous en donne une nouvelle version nettement plus rock, et bien dans l’esprit des reprises qu’ils nous ont déjà donné de titres « classiques » comme « Son ar chistr » ou « An Alarc’h ».

Ce titre est le 1er extrait du nouvel album qui va sortir dans le courant de l’année 2025.

Les musiciens et chanteurs qui composent B.R.E.T.O.N.S, que ce soit au sein de Digresk ou de Kervegans, les groupes qui sont un peu la base du collectif, ont toujours marqué leur engagement fort quant aux problèmes sociaux et politiques, il n ‘y a donc rien d’étonnant à ce qu’ils aient tenu à célébrer à leur manière cette grève qui a vraiment marqué l’histoire de Bretagne, et l’histoire du mouvement ouvrier.

La Grève des Penn Sardin

Cette grève est historique, tout d’abord par son ampleur : c’est toute la ville de Douarnenez qui a été bloquée du 24 novembre 1924 au 6 janvier 1925. Elle s’est rapidement transformée en événement national. La ville était la première en France à avoir élu une municipalité communiste et l’événement se déroule au moment où, pour la première fois, un gouvernement de gauche unie – le Cartel des Gauches – dirige le pays.

Face à l’intransigeance patronale, le soutien populaire s’est manifesté un peu partout en France.

Et il y a une suite lors des élections municipales de 1925. Joséphine Pencalet, alors en 4ème position sur la liste du Parti Communiste, est largement élue. A l’époque les femmes ne sont ni électrices, ni éligibles. Son élection est invalidée par la préfecture.

Là encore les sardinières et Douarnenez montrent la voie…

Mais revenons à la grève elle-même. 

Elle débute dans l’usine Carnaud, le 21 novembre 1924, et s’étend en 4 jours à l’ensemble des usines.

A l’époque, la sardine c’est la richesse de Douarnenez. La ville vit de la sardine. Les hommes pêchent, les femmes sont à l’usine.

Les conditions de travail sont particulièrement pénibles, jusqu’à 17 h par jour lorsque cela est nécessaire, quand le poisson est débarqué.

Les rémunérations sont misérables : 0,80 centimes de l’heure.

Les ouvrières se mettent en grève pour obtenir 1f de l’heure et de meilleures conditions de travail.

Très vite les pêcheurs sont solidaires de leurs femmes et la vie s’arrête à Douarnenez. La municipalité communiste menée par Daniel Le Flanchec soutient tout de suite les sardinières. La CGT, pour aider le mouvement à s’organiser, envoie des militants expérimentés, dont un certain Charles Tillon, un des leaders de la célèbre mutinerie de la mer Noire quelques années auparavant, et qu’on retrouvera ensuite ministre communiste à la libération.

Le gouvernement du Cartel des gauches va tenter d’être un médiateur entre les grévistes et les usiniers, ce qui échoue devant l’intransigeance de ces derniers.

Les usiniers vont essayer de briser la grève en employant des nervis qui vont aller jusqu’à tirer sur le maire, qui ne sera que blessé.

C’est l’escalade de trop. Devant le scandale provoqué, la menace de poursuites judiciaires et la pression du gouvernement, les usiniers sont obligés de céder.

Le 6 janvier 1925 les ouvrières obtiennent gain de cause sur l’ensemble de leurs revendications.

« Source texte : Soizick Fonteneau et Éric Basset (Aztec Musique) »